COP21 : une ébauche de bilan éditorial

Au Centre des congrès de Tours, lors de l’atelier du 10 mars à 9h30, le dessein des Assises du journalisme fut de dresser le bilan éditorial de la COP21. Une volonté trop ambitieuse, seulement trois mois après l’événement.
La COP21, conférence climatique de Paris, fut un événement majeur sur la scène internationale. 195 pays accueillis, près de 6000 journalistes… et surtout « beaucoup de productions de documentaires, d’articles écrits, de productions radio », a souligné Anne-Sophie Novel, journaliste et fondatrice de Place to B, un espace de co-working installé durant la COP. « Mais on a tendance à remarquer qu’après, ça s’essouffle vite ». « On a quand même une couverture qui s’est réduite comme peau de chagrin », a appuyé Catherine Guilyardi, journaliste réalisatrice de documentaires pour la BBC et France Culture. Selon elle, la précarisation de la profession de journaliste en est à l’origine, ce qu’elle déplore : « comme pour tout sujet d’enquête, tout ce qui touche au climat devrait se voir consacrer du temps et de l’argent ». Cette couverture moindre aurait dû laisser le temps aux premiers bilans éditoriaux de se concrétiser. Pourtant, ils n’en sont qu’à leur balbutiements : « pour le bilan en tant que tel, c’est encore trop tôt ».
Émile Palmantier et Anne-Sophie Novel lors du débat sur la COP21 aux Assises de Tours. Crédit NF
Un traitement technique
Ce qui n’empêche pas de dégager déjà quelques conclusions, dévoilées par Jean-Baptiste Comby, sociologue et maître de conférences à l’Université Paris 2. « On a beaucoup parlé des solutions marchandes et économiques, très peu des solutions de la société civile », alors que comme l’estime Émile Palmantier, coordinateur éditorial et médiatique de Radio Campus France, « la question du climat, de l’écologie, de l’environnement, sont des questions d’ordre citoyen ». Les solutions technologiques ont été également largement relayées dans les médias généralistes : la smart agriculture, la capture et le stockage de carbone par exemple, autant de solutions très techniques. Alors que « les solutions portées par la société civile, qui sont davantage d’ordre politique, qui interrogent les façons de vivre ensemble, ainsi que toute l’effervescence créative, culturelle, idéologique qu’il y avait sur place a été très peu relayée par les médias », poursuit Jean-Baptiste Comby.
Catherine Guilyardi et Jean-Baptiste Comby en plein échange sur le manque de relai citoyen dans les médias qui ont couvert la COP21. Crédit NF
Solutions alternatives
Attention cependant à ne pas généraliser, car il faut distinguer médias généralistes et médias alternatifs. Si les « espaces conventionnels de débat public » dominent le paysage médiatique, comme l’explique Jean-Baptiste Comby, par exemple les médias nationaux ou les Assises du journalisme, il existe aussi d’autres espaces, alternatifs, qui eux relaient les initiatives citoyennes, et notamment celles sur le climat : « Reporterre, Basta, L’Âge de faire, Mediapart… abordent des points de vue différents ». Catherine Guilyardi abonde dans le même sens : « Les médias généralistes ont perdu la bataille de la transmission, prise de conscience, compréhension du dérèglement climatique au niveau de la population, et finalement, la bataille se joue ailleurs ». Ailleurs, et de fait, pas avec les mêmes armes.
Ninon Fauchart