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Maroc : le secteur IT est à combler

Maroc : le secteur IT est à combler

Atika RATIM, ESJC, 3FF

« 60% des informaticiens marocains auraient déjà été approchés par des cabinets de recrutement au profit d’entreprises essentiellement françaises», souligne le quotidien français Le Figaro dans un article paru ce lundi 11 mars.

Depuis près de deux ans, les « chasseurs de têtes » organisent toutes les semaines des campagnes de recrutement d’ingénieurs marocains dans les grands hôtels de la capitale économique. Bilan : chaque année, l‘équivalent du nombre des lauréats de quatre écoles d’ingénieurs à Casablanca quittent le pays pour travailler à l’étranger. Ce phénomène, jugé « prédateur » par certaines entreprises, draine le Maroc de compétences qu’il forme chaque année à coûts de milliards de dirhams et devient, aujourd’hui, une préoccupation nationale de premier plan.

En quête d’une vie meilleure

En avril 2018, le portail marocain pour l’emploi Rekrute.com avait mené une étude auprès de 1882 personnes âgées de 35 ans de profil Bac+3 et plus sur la migration des talents. L’enquête a démontré que 91% des sondés souhaitent travailler à l’étranger, motivés en premier lieu par leur ambition professionnelle pour les plus jeunes et le désir d’une meilleure qualité de vie pour les seniors.

« Cet exode des compétences est un phénomène mondial liés à la migration des compétences à travers les continents pour des conditions de travail adéquates permettant l’épanouissement et la créativité bien plus que pour l’amélioration des revenus », commente le ministre marocain de l’éducation nationale Said Amzazi, lors d’une séance consacrée aux questions orales à la Chambre des représentants, cité par le média électronique Le360. Puisqu’en effet, les ingénieurs marocains « les plus expérimentés partent souvent pour des salaires similaires à ceux qu’ils ont au Maroc», confie Hassan Bahej, DG d’IBM Maroc au quotidien spécialisé L’Economiste. Des profils hautement qualifiés que les Sociétés de Services et d’Ingénierie Informatiques (SSII) françaises s’arrachent. Car, comme le précise le média, les ingénieurs travaillant dans les SSII et touchant à des technologies de pointe, peuvent monter en compétence très rapidement et développer des savoir-faire pointus.

Une mobilisation nationale urgente

La poursuite du rêve ne fait pas que des heureux. La fuite des cerveaux ampute les sociétés marocaines de ressources difficiles à remplacer.  Face à « la prédation» des entreprises étrangères, le secteur IT au Maroc se voit vidé de ses compétences. « Nous avons une dizaine de postes à pourvoir et nous avons bien du mal à recruter. […] Le Maroc a besoin de ses ressources pour se développer », s’inquiète Hassan AMor, PDG de Microdata, cité dans l’article du Figaro.

Pour contourner cette situation, les opérateurs marocains développent de nouvelles stratégies allant de la formation des collaborateurs aux incitations à travers des participations dans le capital pour certains. Mais cet exode est devenu aujourd’hui une problématique centrale à laquelle le gouvernement marocain tente de remédier en mobilisant les ministères et les organismes impliqués. En effet, l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (Anapec) a annoncé, lors d’une conférence de presse organisée plus tôt ce mois-ci, vouloir financer la formation de 4000 diplômés issus des facultés de sciences aux métiers du digital pour une somme avoisinant les 100 millions de dirhams.

Rien qu’en 2018, 600 ingénieurs ont quitté le Maroc. Le chiffre alarme dans la mesure où le secteur est central dans la transition numérique du pays. Mais l’étude de Rekrute.com révèle plus encore : 8000 cadres, 1200 hommes d’affaires et 630 médecins ont également quitté le pays, sans compter quelques 7000 médecins et autant d’ingénieurs déjà établis en France.

Atika RATIM, ESJC, 3FF