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L’art sous serre au parc de la Ligue Arabe de Casablanca

L’art sous serre au parc de la Ligue Arabe de Casablanca

La serre Harizonta est sortie de terre au parc de la Ligue arabe de Casablanca pour sa 9ème édition. Jeunes, artistes et chercheurs se retrouvent dans un espace partagé pour un échange de savoir et de découverte « des projets impossibles » de différents artistes.

La serre est un concept innovateur qui allie espace public, art, culture et botanique ; un espace éphémère qui s’installe dans des lieux publics ruraux, urbains et périurbains. Elle a pour mission le partage, la création et le développement de projets dans plusieurs domaines. L’espace partagé sous la forme d’une serre, est dédié aux petits comme aux grands, artistes, intellectuels et chercheurs botanistes pour la production et la découverte des projets. Et ce lors des séances de discussions, de visionnage, d’atelier ou encore d’excursion.
La serre est un évènement qui se déroule chaque année au Maroc et désormais aussi à l’étranger. Le choix des lieux dépend du contexte et concerne plusieurs thématiques comme le cas des quartiers marginalisés. Le combat de ce projet consiste en «la réappropriation de l’espace public par les habitants grâce à l’action artistique », affirme Mohamed Fariji. Pour cet artiste et co-fondateur de l’Atelier de l’Observatoire le projet de la serre « est une belle histoire », une histoire particulière qui a débuté lors de son retour au Maroc. Alors qu’il avait installé son atelier à Laassilat, des enfants de la région s’intéressant aux dessins lui empruntaient de la peinture. C’est en 2012 qu’il a eu l’idée de la serre. Dès 2015 ce projet original s’installe au parc de la Ligue arabe à Casablanca. Il voyagera ensuite dans différentes villes du royaume pour revenir au même parc en 2022.
Existant depuis plus de 100 ans, le parc de Ligue arabe est un véritable patrimoine culturel marocain. Avec de célèbres espaces culturels fermés en son sein et ces alentours tels que l’église catholique du Sacré-Cœur, ce parc est parmi les plus précieux des Casablancais et si intéressant pour une Serre. D’ailleurs il y a encore quelques temps, le parc était fermé pour réhabilitation. Le choix de ce lieu est stratégique car il y a une volonté de faire découvrir au public son histoire et les artistes marocains.

La serre, une surprise comme on ne l’imaginait pas
Écoliers, lycéens, étudiants et parents ont été conviés à participer à cet évènement. Lors de la découverte de la serre Harizonta l’étonnement se lisait sur les visages. On est loin de la serre classique dont l’utilisation est uniquement à des fins botaniques. Mais toujours dans l’esprit de faire germer une graine, l’essence même de la serre est de faire pousser la culture, l’art et l’échange.
C’est dans un esprit de transmission que la jeunesse est impliquée dans ce projet social dans l’espoir de faire éclore une nouvelle génération d’artistes pour assurer la relève. La serre agit comme un espace de rencontre des artistes, cinéastes, écrivains, musiciens, journalistes, botanistes pour présenter les projets et en entreprendre de nouveaux avec cette jeunesse qui ne cherche qu’à apprendre.
Les activités sont prises d’assaut, avec l’atelier botanique qui contribue à la plantation des fleurs et fruits, l’atelier dessin qui fait ressortir l’esprit créatif des enfants, ou encore le cinéma qui initie les jeunes au monde cinématographique. « Participer à la production des bombes à graines de l’atelier botanique était une belle expérience pour moi qui aime l’agriculture », confie Isabelle Amani, étudiante à l’Ecole de Journalisme et de Communication de Casablanca. « Mais, l’atelier qui m’a le plus marquer est celui de critique d’art avec Oliver Rachet. Avec lui nous avons découvert les œuvres exposées à la Villa des arts de Casablanca et nous avons pu partager nos sentiments par rapport aux œuvres d’artistes et les problèmes sociaux qu’ils dénoncent » , a-t-elle ajouté.

La serre a un engagement militant, celui de l’intervention dans l’espace public. Y insérer l’art est très important car cela contribue à faire vivre ces lieux historiques. Ainsi les citoyens connaitront mieux leur ville et leur histoire. Les thèmes abordés par les artistes font référence aux problèmes sociaux des Marocains, un acte militant qui est omniprésent au sein de la serre Harizonta. Un engagement salvateur pour toute une ville.

Raja ENGO