Le skateboard au Maroc ou l’essor d’une discipline méconnue
• Taghazout Skatepark : inauguré en 2017, il est le fruit d’un travail entre la communauté locale et l’organisation à but non lucratif ‘’ Make Life Skate Life ‘’
A ceux qui en doutaient encore, le skateboard, indépendamment de son aspect récréatif, artistique, ou de son aspect utile en tant que moyen de transport, est bel et bien, à part entière, mondialement considéré comme une discipline.
C’est aussi un sport, non pas juste pratiqué par des jeunes au cheveux longs et aux jeans troués, mais bien au contraire, c’en est même devenu une discipline olympique.
Loin des clichés dont souffre cette activité, le skateboard s’est démocratisé au Maroc durant cette dernière décennie à coup de skateparks construits mais aussi en mettant un cadre à sa pratique, avec comme point d’orgue, la création en 2017 de la Fédération Royale Marocaine des sports urbains (FRMSU), une fédération qui encadre ce sport mais aussi ceux du roller, du foot freestyle, du parkour (acrobatie urbaine) et de la trottinette.
Une multiplication d’espaces dédiés
Que ce soit à Rabat, Tanger, Taghazout ou à Casablanca, et pour le plus grand bonheur des amateurs de glisse sur bitume, les skateparks, autrefois absents du décor urbain de nos métropoles, sont aujourd’hui disponibles à foison.
En effet le Maroc, dans le sillage de son initiative pour le développement humain (INDH), s’est lancé à partir de 2017 dans la création de 9 espaces dédiés à cette activité, dont le plus grand, celui du Nevada, aménagé en 2018, s’étend sur quelque 4000M2 en plein centre-ville de sa capitale économique.
Outre son circuit constitué de modules et de rampes, le Skatepark du Nevada abrite aussi des espaces verts, des places assises couvertes ainsi qu’un espace dédié aux différentes manifestations qui y sont organisées. À noter que Casablanca compte plusieurs petits skateparks situés aux quatre coins de la ville, dont un majeur : celui de la corniche.
Celui de la ville Tanger n’est pas en reste non plus. Inauguré en 2017 et situé en bord de mer, il est aujourd’hui considéré comme l’un des mieux aménagés du royaume. Ayant abrité plusieurs compétitions de skate, notamment celle organisée par Redbull en fin d’année 2017, il est composé de courbes à plusieurs niveaux, d’une multitude de rails, d’un tremplin ainsi que de plusieurs plans inclinés. Le parfait attirail pour tout skateur.
Pour le reste, on peut en trouver à Rabat, El Jadida, Mohammedia, salé, Kenitra et Marrakesh entre autres.
De quoi démontrer l’intérêt tout particulier que porte notre jeunesse à cette activité, mais aussi une certaine prise de conscience de nos dirigeants quant à l’importance de démocratiser cette discipline.
Une prise de conscience qui vient a point nommé car des skateurs, on en avait depuis les années 80 au Maroc, années ou cette culture est apparue et à commencer à être diffuse sur le territoire.
Un sport accessible partout et pour tous
C’est donc à partir des années 2000 et sous l’impulsion du discours royal du 18 mai 2005, date de lancement du programme de l’INDH, que le skateboard a commencé à entrer dans les mœurs de la société marocaine.
Depuis cette date et ce discours, un effort majeur a été entrepris pour sa démocratisation.
Plus qu’une activité sportive à même d’entretenir les poumons et la bonne santé de nos jeunes, c’est aussi un sport, à contrario du tennis par exemple où il vous faudra investir une certaine somme dans du matériel, ou aussi trouver un terrain et un adversaire, ou à contrario de la natation dont l’abonnement dans une salle de sport ou une piscine olympique est requis, le skate lui, est accessible à tous et peut se pratiquer partout et à toute heure.
Tout ce qu’il vous faudra seront des rotules en bon état et les quelques 350 DHS à même de pouvoir vous offrir une planche professionnelle, protections comprises.
Des longboards et des pennyboards, planches respectivement plus longues et plus courtes que la classique, sont aussi disponibles sur le marché à partir de 100 DHS.
Une aubaine pour une jeunesse dont le pouvoir d’achat n’est pas si conséquent.
Aussi, outre sa pratique aux niveaux des endroits dédiés, le skateboard peut se pratiquer partout, sur toutes les routes, toutes les ruelles et tous les boulevards de nos villes, encore faut-il qu’elles soient bien entretenues.
En effet, aucune loi ni décret ne l’interdit, même si le bon sens voudrait que l’on se dirige vers ces skateparks, plus sécurisés et moins dangereux que le fait de déambuler à quatre roues aux cotés de nos automobilistes.
De la démocratisation à l’encadrement
La notoriété et la popularité naissante du skateboard a poussé les hautes instances sportives marocaines à vouloir encadrer cette activité, chose faite avec la création en Mars 2017 de la Fédération Royale Marocaine des Sports Urbains qui a pour but déclaré de développer, promouvoir et encadrer les sports urbains au Maroc.
Une mission dont les fruits commencent à voir le jour, en ce sens, de nombreuses manifestations locales et nationales ont été organisées depuis cette date, comme le furent celles de la coupe du trône et de la coupe de la marche verte organisées en 2021 à Laayoune.
La FRMSU ambitionne aussi de promouvoir les sports qu’elle encadre, non seulement au niveau des espaces publics mais aussi au sein même des établissements scolaires, leurs donnant par la même occasion un certain aspect sportif car ce dont souffre encore ce sport aujourd’hui, ce sont les clichés qu’il peut véhiculer : dangerosité, risques d’accidents et environnement nocif fait de drogues, alcool et autres dépravations.
Des clichés qui persistent, mais qu’aurait dû atténuer l’accession du skateboard au statut de sport olympique en 2020, car au fond, qu’y a-t-il de plus noble pour un sportif que de s’atteler à la pratique d’une discipline olympique ? Aux détracteurs de cette activité d’y répondre.