La digitalisation, levier de croissance et de valorisation du capital humain
‘’Là où les institutions échouent à offrir la stabilité et la confiance nécessaire au développement d’un pays, la technologie s’immisce partout où il y a des carences et permet aux individus de s’auto organiser pour résoudre ensemble des problèmes qui auparavant relevaient de la puissance publique’’.
Cet extrait tiré du livre de Stéphane Mallard (Disruption – intelligence artificielle, fin du salariat, l’humanité augmentée) résume assez pertinemment l’apport que peut avoir le digital, ou la digitalisation du travail, sur l’amélioration des conditions de travail, ou de vie des citoyens. La productivité ayant un lien assez étroit avec cet aspect de confort au travail, à l’ère de la 4ème révolution industrielle, la digitalisation œuvre en ce sens, et voici pourquoi.
Bonheur au travail, croissance et digitalisation sont devenus désormais indissociables
Il y a un lien sans équivoque, entre bonheur au travail, productivité et digitalisation dans le sens ou la digitalisation représente un levier de croissance de par sa faculté à faciliter la formation, l’intégration et la communication dans le milieu des entreprises, ce qui influe automatiquement sur le rendement de tout travailleur. Les chiffres sont là.
Quand on compare les pays ayant entrepris assez tôt un processus de digitalisation de leurs activités, que ce soit au niveau des entreprises ou au niveau étatique, on remarque que ce sont ces mêmes pays qui ont une forte croissance pérenne, mais aussi ces mêmes pays qui ont un indice mondial de bonheur des plus élevés.
Prenons le cas de La Finlande par exemple qui a entrepris un processus de digitalisation en 2008 à travers son plan ‘’Broadband 2015’’ qu’elle a ensuite étendue jusqu’en 2019. Celle-ci est première au classement annuel, réalisé par ‘’Country economy’’, une agence internationale de collecte de données macroéconomiques, au niveau de l’indice mondial du bonheur, elle l’est aussi au niveau de l’indice DESI (Digital economy and society index) qui résume les indicateurs de performances numériques européenne. Quant à sa croissance, elle s’établit à 3,5% pour l’année 2021 avec un PIB de 299,2 Milliards de dollars.
- Indicateur de performance numérique européenne (2022) * Indice mondial du bonheur (2022)
Dans le cas contraire, comme pour la Bulgarie par exemple, un des pays des pays les moins avancés dans la digitalisation au niveau de l’Union européenne, son classement à cet indice de bonheur (85ème) est en corrélation direct avec son niveau de digitalisation (Avant dernière du classement UE de l’Index DESI 2022), malgré un taux de croissance établi à 4,2% en 2021, pour un PIB de 80,27 milliards d’euro, croissance qui n’est en fait que le revers de la médaille de reprise de l’économie post Covid.
Maroc, digitalisation et nouveau modèle de développement
Le constat de cette corrélation, le Maroc l’a aussi fait, ce qui l’a d’ailleurs poussé à inscrire la digitalisation comme levier stratégique de son nouveau modèle de développement à horizon 2035.
Le Maroc compte d’ailleurs avec cette digitalisation, accélérée par la crise Covid, entreprendre une digitalisation de son administration que le royaume considère comme une réponse nécessaire pour améliorer la qualité de la relation administration-citoyen, faire du numérique et des capacités technologiques un facteur majeur de compétitivité, s’appuyer sur la digitalisation pour permettre la conception de nouvelles offres touristiques, moderniser ses entreprises en accompagnant leur digitalisation interne, veiller à l’amélioration de son système de santé, en qualité et en offre grâce à cette même digitalisation (réforme des registres médicaux, implantation de nouvelles technologies pour de meilleurs diagnostics) et enfin développer des plateformes numériques pour tous les services au citoyen et à l’entreprise pour faciliter l’accès à chacun aux différents services administratifs. Tous ces éléments sont expressément marqués au niveau des prérogatives du nouveau modèle de développement marocain.
En Somme, il s’agit là de favoriser à travers cette digitalisation, l’épanouissement du capital humain et son évolution dans tous ses aspects de compétences, d’expériences et de productivité. Sauf que le Maroc se heurte à plusieurs barrières, plusieurs freins.
Garder les talents qui accompagneront la transition digitale, le défi du Maroc
Parmi les obstacles auxquels se heurte le royaume, Il y a tout d’abord cette problématique importante de fuite des cerveaux marocains vers l’étranger, car le Maroc dispose d’une population assez jeune et apprend vite, cependant le Maroc a grand mal à la retenir, sauf que disposer de ces talents est un prérequis pour booster cette transformation digitale.
Par exemple, 7000 médecins, soit 30% des diplômés de facultés de médecine quitteront le Maroc d’ici deux ans (selon un rapport de juin 2021 du groupe de travail sur les systèmes de santé de la chambre des représentants). D’autres secteurs sont aussi touchés par ce phénomène, que ce soit au niveau des ingénieurs, des techniciens ou des informaticiens, entre autres. Aussi, selon un sondage réalisé par Rekrute.com en 2019, 91% des marocains se disaient prêt à aller travailler à l’étranger. Une seule solution subsiste pour endiguer ce phénomène problématique pour le développement du Maroc, celui d’assurer à ses citoyens de meilleurs emplois dans tous leurs aspects, et c’est la que la digitalisation rentre en jeu de par sa faculté à faire atteindre les mêmes standards que ceux que nos concitoyens veulent aller chercher ailleurs.
Une connexion stable et rapide pour une croissance pérenne.
Autre frein, les infrastructure mis en place pour aider à cette généralisation de la digitalisation. Certes le Maroc dispose selon Cable.co.uk (un organisme qui publie chaque année le classement des débits internet les plus rapides dans le monde) de la meilleure connexion internet en Afrique du nord avec un débit de téléchargement avoisinant les 13 mégabits, mais cela reste quand même assez insuffisant si à le soucis de comparer le royaume à ceux qui trustent le haut de ce classement comme l’Islande ou Macao (région autonome de la côte sud de la Chine) détenant respectivement des débits établis à 216 et 262 mégabits en moyenne, ce qui représente quasi 20 fois lé débit moyen marocain, qui est même loin de certains pays d’Afrique comme le Rwanda, chef de file des pays africains avec une connexion qui tourne a prés de 50 mégabits en moyenne, et on voit ce que le Rwanda est devenu à une décennie près.
Il ne nous reste que l’application de ces préceptes
Les axes d’amélioration sont donc déjà connu pour faire du Maroc le Hub africain qu’il tend à être, quand à la digitalisation, c’est le défi que s’est lancé le Maroc pour redynamiser son économie, une économie ouverte sur son monde, sur ses avancés, mais aussi une économie qui dépend encore d’un certain type de management déjà obsolète dans une ère de changements constants où la technologie prime, où l’humain commence a être au centre des préoccupations de l’entreprise et où le rendement, facilité par ses nouveaux outils, n’a jamais semblé aussi facile à atteindre.
Au royaume de mettre en place les dispositifs nécessaires pour arriver à cela, et au royaume aussi d’offrir à ses travailleurs les outils requis pour suivre la mouvance d’un monde en constante évolution, et puisque le capital humain, lui, ne pose pas question, il faudrait commencer à savoir comment le garder et lui dédier un terreau fertile d’épanouissement, en vue de faire de sa carrière, une vertu pour lui-même, sa famille et son pays.
Sefiani Karim