Influence numérique: métier viable ou phénomène éphémère ?
L’influence numérique ou digitale peut être définie par l’activité de toute personne qui, de part son exposition médiatique ou sur les réseaux sociaux, influence son public et ses abonnés. Ce phénomène de société en plein essor, semble satisfaire aussi bien les entreprises, qui voient en lui un excellent relais marketing, que le consommateur, omniprésent sur les réseaux sociaux. Phénomène récent, l’influence numérique est souvent critiquée, particulièrement devant la multiplication des dérives et scandales qui lui sont associés. La pérennité de cette activité est plus que jamais remise en cause.
Le métier d’influenceur numérique est le descendant direct du bloggeur ou du bloggeur-influenceur. Ce-dernier, dans les années 2000-2010, pouvait par ses articles ou billets publiés sur son blog, générait des influences et des interactions. Avec l’avènement du Smartphone, la généralisation de l’accès à internet et l’explosion des réseaux sociaux, ce phénomène a pris de l’ampleur. L’influence s’est installée sur Facebook, YouTube, Instagram, Tik Tok … La transformation digitale que connaît notre société a changé le business model des entreprises. Le client, ciblé habituellement sur les médias conventionnels, est maintenant recherché sur le digital : le consommateur 2.0 est né.
Aujourd’hui un influenceur est valorisé par sa renommée et son nombre d’abonnés. L’indicateur que recherchent les entreprises avant de solliciter ses services est le taux d’interaction. On peut le définir par le nombre de « likes », de commentaires ou de partages, rapportés au nombre d’abonnés. On estime qu’à partir de 10000 abonnés un influenceur peut gagner sa vie. Une fois le million d’abonnés atteint, il peut monnayer chaque publication jusqu’à 10 000 dirhams.
L’influence numérique : une réglementation fragile
Un influenceur numérique reste soumis à la loi. Il ne peut faire l’apologie de choses illicites, ni se montrer en train d’en commettre. Si beaucoup d’entre eux ont le statut d’auto-entrepreneurs, d’autres sont organisés en agence. La régularisation de cette activité doit continuellement s’adapter aux changements que connait cette activité Elle reste variable d’un pays à un autre. En France, par exemple, c’est l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) qui fixe les règles. Parmi elles l’obligation d’afficher le caractère publicitaire, s’il existe, d’une publication.
L’influence digitale requière donc une notoriété, une exposition sur les réseaux, un nombre d’abonnés conséquent et surtout des interactions avec eux. Certains influenceurs potentialisent sur leur exposition médiatique acquise grâce à leur métier, à leur activité, ou à une actualité qui les a fait connaître au public. C’est ainsi que des sportifs de haut niveau, dont les réseaux sociaux regorgent déjà d’abonnés, se sont mis à l’influence numérique. Leurs fans voient en eux une idole et un gage de qualité pour chaque produit placé. Des acteurs, des journalistes, des chefs cuisiniers …, se sont eux aussi retournés vers l’influence numérique.
Buzz à tout prix ou création de contenu ?
Les influenceurs numériques se distinguent par leur thématique d’intérêt d’une part et la contribution qu’ils y apportent. La beauté et la mode viennent en tête, devant la gastronomie, les voyages, le sport … Si certains influenceurs préfèrent rester dans l’observation de ce qui les entourent, le partage de leur expérience ou de leurs avis, d’autres choisissent d’être de véritables créateurs de contenu (recettes personnelles , astuces, tutoriels …). La productivité de l’influenceur n’est pas synonyme d’audience. Le plus important est de proposer la bonne publication au bon public. Mais les dérives de certains influenceurs renvoient une image négative de ce qui pourrait être un métier productif. La nudité, les propos obscènes, la vision matérialiste du monde, l’influence malveillante des adolescents… sont régulièrement pointés du doigt par les internautes.
L’influence digitale avec ses bons et ses mauvais cotés est devenu un métier à part entière avec toutes les caractéristiques que cela implique : déclaration de revenus, réglementation, stress au travail voire burnout. La dépression et d’autres troubles psychologiques ne sont pas rares et touchent un grand nombre d’influenceurs qui se voient embarqués dans une notoriété à laquelle ils n’étaient souvent pas préparés. Les interactions aussi, positives ou négatives, ont des conséquences psychologiques. Des critiques et des insultes peuvent impacter les influenceurs même si elles n’émanent que d’une minorité de leur public.
Le métier d’influenceur est-il viable ? Peut-être mais si c’est le cas il évoluera. Le changement lui sera imposé par plusieurs facteurs. D’abord le consommateur dont les habitudes sont évolutives. La législation aussi imposera à l’influence digitale un certain nombre de règles. Enfin la technologie aura son mot à dire. Le débat actuel sur les différents risques et applications de l’intelligence artificielle, concerne aussi l’influence digitale. C’est ainsi que récemment des influenceurs virtuels ont vu le jour, amplifiant toute l’incertitude qui entoure cette activité. Une chose reste néanmoins sûre : ce qui sera le plus pertinent dans le changement que connaît l’influence numérique, ce n’est pas la révolution dans tous les sens, mais l’évolution dans le bon…