Yazine, une aventure familiale qui prend le chemin de l’international

Yazine, une aventure familiale qui prend le chemin de l’international
Yazine, une aventure familiale qui prend le chemin de l’international
Yazine, une aventure familiale qui prend le chemin de l’international
Yazine, une aventure familiale qui prend le chemin de l’international

Au cinéma Lutetia, samedi soir, la célébration organisée par Yazine ressemblait à bien plus qu’un simple événement de marque. À mesure que la salle se remplissait, que les applaudissements montaient et que les souvenirs affleuraient, c’est tout un récit marocain qui prenait forme : celui d’une aventure commencée presque naïvement, portée par une famille, et devenue l’une des incarnations les plus déterminées du Made in Morocco cosmétique.

Quelques étudiants de l’ESJC, présents aux côtés de leur directrice communication et marketing Basma Mawlawi, ont assisté à cette scène qui relevait autant du témoignage entrepreneurial que de la chronique culturelle. Ce qu’ils ont vu, ce n’était pas seulement une célébration : c’était un récit de fond, celui d’une marque qui a poussé dans un environnement parfois hostile, portée par la seule énergie de ceux qui l’ont créée.

Car l’histoire de Yazine, et derrière elle, celle de Prodigia, le laboratoire où les formulations prennent vie, repose sur une singularité rare : tout a commencé sans capital, sans levée de fonds, sans réseau financier. Les fondateurs se rappellent les débuts avec une précision presque sensorielle : les portes auxquelles ils frappaient, les stands improvisés, les hésitations des premiers testeurs, les ruptures de stock provoquées par un simple détail de logistique.

Il y a chez eux une conviction qui dépasse la cosmétique : l’idée que le Maroc peut produire un savoir-faire industriel qui n’imite pas, mais invente. Ils ne parlent pas de concurrencer les grandes multinationales, mais d’exister pleinement, avec une identité claire et une exigence scientifique maîtrisée. Ils ne réduisent pas leurs produits à des objets de consommation : pour eux, la cosmétique porte un imaginaire, un héritage sensoriel, un rapport au monde. Elle peut devenir un vecteur de souveraineté culturelle autant que commerciale.

Prodigia prend alors une dimension centrale dans leur récit. Le laboratoire n’est pas un simple outil de formulation, mais le lieu où s’articule leur vision d’une industrie marocaine intégrée. On y parle de recherche, d’innovation, de procédés conçus et contrôlés localement. On y défend un Maroc qui refuse d’être seulement un fournisseur de matières premières pour des marques étrangères, et qui revendique la maîtrise de toute la chaîne : création, formulation, marque, export.

Sur scène, pourtant, rien n’est lissé. Les fondateurs racontent les tensions, les erreurs, les retards, les egos à gérer, la politique interne devenue indispensable pour maintenir un équilibre entre des personnalités fortes. Ils évoquent ces moments chaotiques avec une forme de tendresse, comme si le désordre avait été un compagnon de route, un révélateur. La marque est née dans une famille, et elle porte les marques de toute entreprise familiale : l’intensité des débats, les éclats, les réconciliations soudaines, la solidarité qui finit toujours par revenir.

De cette soirée émergeait un récit qui dépasse largement le storytelling classique des marques. On devine une lutte pour faire exister quelque chose de marocain dans un secteur où dominent les budgets colossaux et les géants internationaux. On entend la volonté de prouver qu’un produit conçu ici, formulé ici, pensé ici, peut trouver sa place. On observe un désir presque politique : redonner aux industries locales un pouvoir d’influence, un imaginaire, une projection.

Pour les étudiants de l’ESJC, cette immersion aura été un moment d’apprentissage autrement plus formateur qu’un cours magistral. Ils ont saisi la complexité d’un récit entrepreneurial, observé la façon dont une marque se construit à travers des voix, des failles, des visions. Ils ont rencontré un Maroc qui ne se contente pas d’espérer, mais qui entreprend, structure, formule et exporte ; un Maroc qui comprend que son histoire peut devenir une économie, que ses traditions peuvent devenir une expertise, que ses familles peuvent devenir des entreprises.

En quittant le Lutetia, la sensation persistait que Yazine n’est pas seulement un projet réussi. C’est un laboratoire de ce que pourrait être le futur industriel marocain : ambitieux, scientifique, familial, enraciné dans la réalité, tendu vers l’international. Un futur où la cosmétique serait un terrain de souveraineté plutôt qu’un simple marché.

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